C’est une colère qui grondait dans toute l’Europe, et qui touche toute la France depuis quelques jours. Les agriculteurs français se sont mis en mouvement cette semaine, et souhaitent faire entendre leurs revendications.
Mais quelles sont les raisons de cette colère ? Plusieurs causes sont évoquées. La première revendication des agriculteurs : améliorer leurs revenus qui les placent parmi les professions les plus précaires du pays, en particulier à cause des “infractions” à la loi Egalim. 18% des ménages agricoles vivent ainsi sous le seuil de pauvreté en France en 2019. La seconde revendication, très relayée dans les médias, tient à un “étouffement administratif”, la colère se cristallisant souvent sur les nouvelles normes environnementales liées au Green Deal. Enfin, il s’agit du cri d’une profession qui ne s’estime pas “reconnue dans sa dignité”, comme le disent les principaux syndicats agricoles.
Face à cette colère protéiforme, il n’est pas toujours évident d’y voir clair. Les normes environnementales, si elles pèsent évidemment sur le quotidien des agriculteurs, sont pensées pour “protéger les paysans” et ne sauraient expliquer seules la détresse exprimée par toute une profession à l’échelle d’un continent entier, d’autant que beaucoup d’entre elles, pas encore entrées en vigueur.
La complexité de la situation et de l’équation économique à laquelle font face les agriculteurs doit ainsi nous obliger à penser le problème dans sa globalité : “c’est l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production de semences aux pratiques alimentaires en passant par le maillon industriel, qui doit évoluer en profondeur”, comme l’indique l’IDDRI. C’est ainsi, comme le soulignait un rapport récent du Haut Conseil pour le Climat, l’ensemble des politiques publiques de transition écologique du secteur agricole qu’il faut repenser.
Vendredi soir, Gabriel Attal a annoncé “dix mesures de simplification immédiates”, qui consistent principalement en une volonté de simplifier certaines normes, de mettre fin à la “trajectoire de hausse” de la fiscalité du gazole non routier (GNR), et d’installer “une pression maximale” sur les entreprises ne respectant pas la loi Egalim. Ce sont des mesures d’urgence, et rien ne dit qu’elles mettront fin au mouvement de contestation, et il est certain qu’elles n’épuiseront pas le débat sur la transition écologique du secteur agricole. Ce sujet sera donc plus que jamais à suivre, à moins de six mois d’élections européennes à haut risque, dans un contexte où les partis populistes sont hauts dans les sondages.