Cécile Béliot-Zind est la directrice générale du Groupe Bel depuis mai 2022. Première femme à occuper ce poste et deuxième dirigeante non issue de la famille fondatrice, elle œuvre à la transformation du groupe vers un modèle de croissance durable, en développant des produits sains et responsables dans trois domaines complémentaires : le lait, le fruit et le végétal.
Le match est ouvert. Beaucoup d’entreprises, d’institutions, d’acteurs s’engagent pour une transformation et pour avoir un impact positif sur leurs écosystèmes. Mais il y a encore besoin de volonté, de courage et de persévérance pour espérer un succès collectif.
Concernant l’alimentation, le modèle mondial reste soumis à une pression extrême. Il peine à nourrir l’humanité de façon saine, à rémunérer justement les producteurs agricoles et à protéger le climat et l’environnement. Le secteur représente, en effet, près d’un tiers des émissions de carbone mondiales. Notre capacité à poursuivre la réinvention de nos modèles d’entreprise, de production et de nos habitudes alimentaires seront décisives pour les décennies qui se profilent.
On pourrait en citer plusieurs : le cadre posé par le législateur avec EGalim pour mieux soutenir la rémunération agricole, la CSRD sur la mesure d’impact des entreprises ou la stratégie « Farm to Fork » au niveau européen, étape importante dans la transition d’un des plus grands marchés mondiaux vers un modèle responsable – même si sa mise en œuvre concrète demeure compliquée.
Le « match » relève du marathon à courir à la vitesse d’un sprint. Nos organisations – politiques, institutionnelles, mais aussi nos entreprises – semblent avoir du mal à se projeter dans le long-terme. Or, reconsidérer nos objectifs, nos projets, notre vision sur le temps long, tout en les coordonnant avec les enjeux immédiats, est l’une des clefs de la réussite.
Personne ne peut jouer seul. Les entreprises fonctionnent en écosystèmes, dans des environnements réglementés. Ce dont nous prenons conscience à ce stade, c’est qu’il y a des acteurs plus volontaires que d’autres, à tous les niveaux. Notre vrai ennemi collectif, c’est la tentation du renoncement. Maintenant que la transition est engagée, nous devons tenir le cap – à la fois dans les orientations données par la réglementation en vigueur et dans le soutien aux initiatives engagées. Je pense notamment au travail sur la CSRD ou à nos objectifs de souveraineté nationale, européenne.
Je ne pense pas qu’une partie de la société soit installée en tribune, juste à observer le mouvement en marche. Nous sommes tous, sans exception, sur le terrain, tous en capacité d’agir. Si nous ne sommes pas convaincus de cela, alors, oui, les défis environnementaux et climatiques que nous devons relever nous paraîtront insurmontables.
L’alimentation n’est pas une marchandise comme les autres et notre responsabilité d’entreprise est de proposer une offre saine, responsable et accessible à tous – nous jouons dans la même équipe que nos consommateurs qui opèrent chaque jour des choix pour leur santé, pour notre société et pour notre planète.
Je fais partie de la première génération de dirigeants qui sait. Les possibles solutions pour le secteur de l’alimentation sont, pour beaucoup, connues : changer nos régimes alimentaires, rémunérer l’amont agricole et lui donner les moyens de se transformer, réduire nos émissions, mesurer un impact positif global.
Réussir cette transition est notre seule option. Allier responsabilité et rentabilité au sein de nos modèles est devenu la condition sine qua non de notre réussite. Quelle entreprise peut assurer son avenir, sa pérennité économique, dans un monde où les ressources naturelles, le climat, se dérobent sous nos pieds ? Notre priorité est donc de créer des modèles durables, qui créent de la valeur pour tous, tout en régénérant la ressource exploitée.