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Clap de fin sur les Rencontres d’Aix 2025 : on vous raconte ! 

  • Auteur : Decade for Change
  • mardi 8 juillet 2025

Ça y est, la 25ème édition des Rencontres d’Aix a fermé ses portes. Près de 80 sessions, 400 intervenants prestigieux et 8 700 participants dans une température caniculaire pour des débats chaleureux, voire enflammés, sur un thème d’actualité : « Affronter le choc des réalités ». Nous y étions, on vous raconte.

1. L’Europe menacée de « trumpisation »

C’est sans doute le leitmotiv de ces rencontres. De l’avis général, le trumpisme – où le règne de la puissance et de l’argent sur le droit – ne sera pas une parenthèse, mais le symptôme d’une transformation durable de l’ordre mondial. Les blocs se fragmentent et s’opposent. La présence remarquée cette année de la fameuse Heritage Foundation, think tank ayant joué un rôle majeur dans l’accession au pouvoir de Donald Trump, était là pour nous le rappeler. Son porte-parole, Mario Loyola l’a dit sans détour « la prospérité et la sécurité » des États-Unis sont l’unique boussole avec comme priorité la recherche de « l’abondance énergétique ». C’est le premier choc de réalité. « Soit l’Europe fait face, soit elle s’efface » comme l’a noté l’ex-ministre Florence Parly.

2. La règle du « no-bullshit »

Face aux périls ambiants, à la démonétisation du politique et à l’affaiblissement de l’Europe, les participants des Rencontres ont adopté un langage de vérité, plutôt direct, quitte à froisser. Les patrons cherchent à réveiller nos institutions. « L’Europe micro-manage localement, mais elle n’a plus de destin », estime le patron d’Axa Thomas Buberl. Quant à la patronne de Syensqo, Ilham Kadri, elle nous appelle à la lucidité : « L’Europe de l’énergie n’existe pas, l’Europe industrielle n’existe pas ».

3. Make Europe Great Again

François Villeroy de Galhau et Olivier Gavalda, nouveaux trend-setters ? La casquette « Make Europe Great Again » portée par le gouverneur de la Banque de France et d’autres dirigeants a été, sans conteste, l’accessoire tendance de cette édition (on vous donne le QR code pour commander la vôtre) ! Cet appel au réveil du Vieux Continent porté par André Loesekrug-Pietri, président de la Joint European Disruptive Initiative (JEDI) a fait un tabac. Pour réussir, un mot d’ordre est revenu dans toutes les tables rondes : la vitesse. Comment accélérer pour reprendre en main notre destin ? Pour Mario Draghi, l’ancien président de la Banque centrale européenne, il faut une culture de la « coalition » quand l’unanimité entre les pays semble impossible à obtenir. Mais pour qu’elle se développe, « il faut du leadership », a-t-il martelé.

4. Où sont les femmes ?

Manifestement pas sur scène. Serait-ce parce que cette année on a parlé de compétitivité et de défense, des « sujets de garçons » ? La parité n’était pas au rendez-vous sur la plupart des discussions et c’est dommage. Beaucoup de femmes – et quelles femmes !! – étaient pourtant bien présentes à Aix.

5. IA : le passage à l’action

En un an, les débats sur l’intelligence artificielle ont changé de nature. Alors qu’en 2024, ils portaient encore généralement sur les « menaces et opportunités », la révolution de l’IA est cette fois une réalité dans la plupart des secteurs et des thématiques discutées, de la production industrielle à la cybersécurité, en passant par l’énergie.

6. La RSE, sujet existentiel

La chaleur ambiante était là pour rappeler à tous que la RSE est une question plus que stratégique, existentielle. Même si les amphis étaient un peu moins remplis cette année lors des tables rondes sur ce thème, les entreprises présentes ont démontré leur détermination et leur résilience. On retient notamment l’intervention de Christophe Fanichet, DG de SNCF Voyageurs. Pour lui, le R de RSE devrait être associé au mot Risque. Car ne rien faire, c’est faire courir un danger majeur à l’entreprise.

7. Une France irréconciliable ?

Cette session sur une France irréconciliable a bien porté son nom. D’un côté, Tony « marche sur l’eau » Estanguet, l’homme de la réussite des JO et d’une fierté nationale retrouvée. De l’autre, Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi, expliquant que Cnews, Europe1 et le JDD réconcilient les Français parce que ces médias portent « un vrai projet de société » et « nomment les problèmes ». Malaise dans le public…

8. Les incarnations avant les institutions

Dans un contexte où s’expriment les inquiétudes, ce sont d’abord les leaders qui s’affirment. Les États s’effacent dans les débats au profit de leurs incarnations : les Trump, Poutine, Xi Jinping qui semblent dessiner l’avenir de la planète, « trois caïds qui débarquent en cour de récré », comme les a appelés Éric Lombard. Comprendre leurs ethos respectifs devient alors une grille de lecture essentielle de l’ordre mondial. C’est Bertrand Badré qui conclut une discussion en nous livrant cette confession de Francis Fukuyama, 30 ans après la « Fin de l’histoire » : « J’aurais dû faire moins de sciences politiques et économiques et plus de psychologie. »

9. Un Don Giovanni controversé

Aix, c’est aussi l’Opéra. Le 77e Festival d’art lyrique proposait vendredi 4 juillet, en ouverture, Don Giovanni de Mozart. À la baguette, face à l’Orchestre symphonique de la radio bavaroise, un Sir Simon Rattle impeccable. La mise en scène de Robert Icke en a destabilisé plus d’un. Est-ce le parti-pris d’un Don Giovanni ressemblant à un rappeur californien maculé de sang ? Est-ce l’ajout de lumières et de sound systems peu mozartiens ? Nous, en tout cas, on a adoré !

 

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