Ils sont au cœur de la COP16, qui s’est ouverte le 21 octobre à Cali en Colombie. Les crédits biodiversité, dispositif méconnu et controversé, suscitent l’espoir des entreprises et des gouvernements. Ils y voient une solution innovante pour participer à combler le déficit de financement de protection de la nature. Celui-ci est estimé à 700 milliards de dollars dans l’accord de Kunming-Montréal (COP15).
Inspirés par les crédits carbone, les crédits biodiversité attribuent une valeur monétaire aux bénéfices écologiques des actions de conservation et de restauration de la biodiversité. Il devient ainsi possible de les échanger sur un marché.
Mais ils sont controversés pour plusieurs raisons. Premièrement, ils introduisent, dans la protection de la biodiversité, une logique de compensation. Or, la destruction d’une espèce en un point A ne peut pas être compensée par la restauration d’un hectare en un point B.
Deuxièmement, des doutes émergent quant à la robustesse des méthodologies employées : peut-on vraiment, par une métrique standardisée, comparer la protection de zones humides fragiles avec la restauration d’hectares de terres agricoles ?
Enfin, la crainte émerge de voir ce dispositif dévoyé par des entreprises, qui pourraient en profiter pour ne pas adopter de politique de réduction de leurs impacts sur la nature.
Toutes ces questions restent encore en suspens. Des méthodologies sont en cours de développement et des initiatives internationales se développent pour créer des standards rigoureux, à l’instar du projet franco-britannique ayant donné naissance au Comité consultatif international sur les crédits biodiversité (IAPB).
La COP16 doit rendre possible la création de crédits biodiversité robustes et rigoureux. Pour autant, les experts rappellent que ce marché ne devrait atteindre qu’une taille limitée (entre 1 et 7 milliards par an, soit à peine 1 % des besoins estimés à horizon 2030).