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Dark factories : la France cèdera-t-elle au côté obscur de l’industrie ?

  • Auteur : decade for change
  • lundi 18 décembre 2023

Imaginez une usine constamment plongée dans l’obscurité, non parce qu’elle est abandonnée, mais parce que l’automatisation y est (quasi) totale. Ce concept d’usines « lights out« , encore appelées “dark factories”,  n’est plus limité aux scénarios de films de science-fiction. En Chine, c’est une réalité depuis 2020 environ, même s’il n’existe aucun chiffre précis.

Cette forme d’industrialisation gagne en puissance grâce aux avancées de l’intelligence artificielle, qui permettent à des machines équipées de caméras d’acquérir rapidement l’expertise d’un employé expérimenté. Elle présente plusieurs avantages (du point de vue des investisseurs), le principal étant des économies substantielles : les usines peuvent tourner jour et nuit avec environ 80 % de personnel en moins.  

Pour repenser la stratégie de réindustrialisation de la France, où le coût du travail est élevé, le cabinet Roland Berger suggère de recourir aux dark factories. Il indique que le coût brut d’une heure de travail est de 35 euros chez nous, contre 23 euros en Espagne, 15 euros en Roumanie et 4 seulement au Maroc. Et que dans l’automobile, la main-d’œuvre représente un quart du coût de revient.  

Si l’ idée permettrait peut-être de relocaliser des industries stratégiques, la question de son coût social (et donc de son acceptabilité) n’est pas posée. Elle est pourtant déterminante. On a vu que de récents projets d’usines “traditionnelles” dans le Tarn et en Ardèche ont suscité l’hostilité, en dépit des créations d’emplois pourtant envisagées. Que se passera-t-il si les habitants ne peuvent même pas espérer y obtenir un travail ? 

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