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Émissions de GES de la France : une baisse en trompe-l’œil

  • Auteur : Decade for Change
  • jeudi 4 mai 2023

Les émissions territoriales de la France ont baissé de 2,5 % en 2022 (uniquement celles émises sur le territoire national, à l’exclusion de celles liées aux biens et services importés). Après la forte hausse de 2021, le gouvernement s’est félicité de cette trajectoire améliorée, qu’il attribue notamment à la réussite du plan de sobriété.

Pourtant, nombre d’observateurs tempèrent cet enthousiasme. D’abord, parce que cette baisse n’est toujours pas à la hauteur des objectifs climatiques de la France, et en premier lieu de ceux que l’Europe fixe (-55 % d’ici à 2030) et qu’elle n’a pas encore transposée dans sa stratégie nationale, restée à -40 %. Ensuite, parce que cette diminution est probablement plus imputable à la conjoncture qu’aux effets des politiques climatiques. Pour l’industrie, la réduction des émissions avait commencé avant la mise en œuvre du plan de sobriété. Elle s’explique bien davantage par la forte hausse des prix de l’énergie. Les températures supérieures à la normale ont également joué un rôle important dans la baisse de la consommation énergétique.

Si un secteur cristallise l’idée que la baisse structurelle des émissions n’est pas engagée, c’est celui des transports, le plus émetteur en France (30 % du bilan total). En 2022, ses émissions ont augmenté de 2,3 %, sans même prendre en compte les vols internationaux et le transport maritime à destination du pays.

De l’avis des spécialistes, les politiques climatiques mises en œuvre sont pour l’heure incapables d’infléchir les émissions du secteur. Et pour cause : c’est la demande qui en est le principal déterminant (on l’observe pour la crise de 2008, le covid ou la hausse des prix de l’énergie), et les politiques publiques ont refusé de jouer sur ce levier. En l’état, on confie donc le respect de notre trajectoire climatique aux aléas que nous subissons.

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