Alors que l’Organisation météorologique mondiale alerte sur le « rythme effréné du changement climatique », sa couverture médiatique en France recule à grands pas.
Selon le nouvel Observatoire des Médias sur l’Écologie (OME), créé par des associations et experts comme Data for Good et QuotaClimat, pour fournir des données fiables sur la médiatisation des crises environnementales, les médias audiovisuels français n’ont consacré que 3,7 % de leur temps d’antenne à ces sujets en 2024, soit une baisse de 30 % par rapport à 2023. La majeure partie de ce temps (2,9 %) est dédiée au climat, tandis que la biodiversité et les ressources naturelles restent marginales avec respectivement 1,1 % et 1,5 %.
Pour Béatrice Héraud, rédactrice en chef chez Youmatter et formatrice média, ce désintérêt résulte notamment d’un « backlash » politique, reléguant les enjeux environnementaux au second plan. « Il y a une responsabilité des médias à se saisir des sujets environnementaux, à challenger les décideurs. » Une situation liée, selon elle, à un déficit de formation des journalistes, un manque de moyens et de soutien au sein des rédactions, au modèle économique des médias, mais aussi à une forte polarisation de la presse.
L’OME met d’ailleurs en lumière de nettes disparités : les médias publics consacrent ainsi deux fois plus de temps à ces questions que les médias privés. Ces sujets sont aussi davantage abordés par les médias généralistes et les radios que par les chaînes d’information et sur les plateaux TV.
Face à cette situation, des députés viennent de déposer une proposition de loivisant à garantir un traitement médiatique des enjeux environnementaux. Cette initiative renforcerait le rôle de l’ARCOM et instaurerait des quotas de temps d’antenne sur ces sujets.