Les agriculteurs seront-ils à nouveau nombreux dans la rue la semaine prochaine ? Alors que le traité UE-Mercosur (accord de libre échange entre l’UE et plusieurs pays d’Amérique du Sud – Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) revient sur le devant de la scène avec l’ouverture du G20 le 18 novembre, le monde agricole français se remobilise largement à l’initiative de la FNSEA, principal syndicat agricole.
Si le traité venait à s’appliquer, les pays de l’UE pourraient échanger plus facilement avec ces pays d’Amérique du Sud. 90 % des droits de douane seraient supprimés sur de nombreux produits industriels et agricoles. Cet accord « viande contre voitures » permettrait aux entreprises européennes d’exporter plus facilement des produits industriels et des services. Les pays du Mercosur pourraient, eux, inonder le marché européen en exportant des centaines de tonnes de viande bovine et de volaille, le tout en faisant l’impasse sur certaines normes européennes, comme l’interdiction des hormones de croissance. De quoi effrayer les agriculteurs français qui perçoivent cela comme de la concurrence déloyale, ces produits étant notamment issus d’exploitations à plus faibles coûts.
Une crainte partagée par la sphère politique. 622 parlementaires se sont ainsi opposés à l’accord dans une tribune adressée à Ursula von der Leyen. Michel Barnier s’est aussi exprimé en défaveur de l’accord. Le gouvernement français fait pression pour que l’accord comporte trois conditions : ne pas augmenter la déforestation importée dans l’UE, mettre l’accord en conformité avec l’accord de Paris sur le climat et instaurer des mesures miroirs en matière sanitaire et environnementale.
L‘Hexagone fait figure d’exception en Europe. L’Allemagne y voit une opportunité majeure pour exporter ses produits et relancer son économie dans le contexte difficile qu’elle connaît. D’autres poids lourds comme l’Espagne ou le Portugal soutiennent également le projet. L’exécutif de l’Union européenne encourage également sa signature.
Pour bloquer la décision, la France devra réunir une minorité de blocage au sein du Conseil européen. Au moins quatre pays devront s’y opposer. Même si l’optimisme n’est pas de mise, le travail diplomatique de conviction est en cours.