Le secteur de l’éolien en Europe est “une success story remarquable” a estimé Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, en septembre dernier. Remarquable ? Certes, les parcs se multiplient, les capacités de production augmentent et le chiffre d’affaires des principaux fabricants occidentaux d’éoliennes s’envole… Pourtant, tous perdent de l’argent.
L’explication tient à l’effet ciseau dont ils sont victimes. En Europe, les appels d’offres lancés par l’État pour choisir un développeur (EDF, TotalEnergies, Engie, Eolfi, Iberdrola, etc.) font du prix un élément pesant pour 70 % dans la décision finale, afin de réduire les coûts de production de l’énergie. Pour casser les prix, les énergéticiens font donc pression sur leurs fournisseurs d’éoliennes.
Or, ces derniers sont confrontés à la flambée de leurs propres coûts de production, du fait de la hausse des prix des matières premières, des transports et des taux d’emprunt. Dans le même temps, en Asie, l’outil industriel est développé et la main d’œuvre bon marché. “Le gouvernement chinois subventionne massivement cette industrie”, pointe France Renouvelables, l’association qui représente la quasi-totalité de la filière hexagonale, dénonçant une concurrence déloyale.
Michel Gloria, son délégué général, a donc appelé cette semaine à faire évoluer les règles dans le cadre du prochain pacte éolien européen. Il propose que les appels d’offres intègrent une obligation d’utiliser au moins 50 % de composants d’origine européenne. Et réclame également la mise en place du crédit d’impôt destiné à soutenir les entreprises investissant dans les composants des énergies renouvelables, tel qu’il figure dans le projet de loi sur l’industrie verte.