Carsten Spohr, le patron de Lufthansa (premier transporteur européen) avait émis fin septembre un signal préoccupant. Pour faire voler l’ensemble de sa flotte au carburant de synthèse, il avait affirmé que son entreprise devrait consommer la moitié de la production électrique allemande.
Ces carburants de synthèse, ou e-fuels, combinent de l’hydrogène produit à partir de sources décarbonées et du CO2 capté dans l’air ou les fumées industrielles. Ils nécessitent une grande quantité d’électricité verte, dont l’Allemagne ne dispose pas.
La solution ? Produire ce carburant ailleurs, ou se tourner vers les biocarburants, fabriqués à partir d’une liste autorisée de biomasse. Les États de l’Union européenne imposent des quotas minimaux obligatoires de carburants d’aviation durables (CAD), qui atteindront 2 % en 2025, 6 % en 2030, 20 % en 2035, jusqu’à 70 % en 2050.
Problème, il en faudra beaucoup plus que ce qui est produit aujourd’hui pour tenir ces objectifs. L’an dernier, l’ensemble de la production en Europe s’élevait ainsi à 3,6 millions de tonnes de biocarburants, pour 45 millions de tonnes de kérosène consommé.
Qu’ils soient bio ou de synthèse, la France aura besoin de 500 000 tonnes de carburants d’aviation durable à l’horizon 2030, selon le gouvernement. Afin d’atteindre ce chiffre, Emmanuel Macron avait annoncé en juin dernier l’attribution de 200 millions d’euros destinés à soutenir le développement de nouveaux producteurs.