Geneviève Férone est une pionnière de la finance responsable et du développement durable en entreprise. Ancienne directrice du développement durable, auteure de plusieurs essais et enseignante, elle a co-fondé Prophil, cabinet à l’origine de la diffusion du modèle d’entreprise à mission en France.
Il est tout de même incroyable ! À l’échelle européenne, nous avons obtenu des acquis tangibles dans le domaine du droit. Alors certes, l’évolution ne se fait pas sans heurts, mais on peut se réjouir de l’avancée que représente la CSRD, par exemple. Je pense aussi au volet social, avec le devoir de vigilance. On est à ce moment où les règlementations vont se transformer en normes de marché et ce n’est pas surprenant que ce soit précisément maintenant qu’on rencontre un si fort backlash.
Je regrette qu’une chose se soit arrêtée avant la mi-temps : les marches des jeunes pour le climat. Après le Covid, ils se sont plutôt mobilisés pour la paix. Mais le climat fait partie de l’agenda de la paix !
Je retiens la réflexion puissante et fertile sur liberté d’entreprendre. Elle s’est concrétisée, notamment, par le mouvement des entreprises à mission et la loi Pacte. Songez que le Code Civil n’avait que très peu évolué depuis Napoléon. Désormais, à l’article 1833, l’intérêt social d’une société est mentionné, ainsi que la prise en considération des enjeux sociaux et environnementaux de son activité. La responsabilité sociale est entrée dans le droit normatif !
Le joueur le plus influent ? La jeunesse ! La soufflante ? l’entraîneur devrait la passer à certains syndicats patronaux qui font semblant de ne pas comprendre que les entreprises ont intérêt à la décarbonation, ne serait-ce que d’un point de vue de compétitivité et de souveraineté.
Oui clairement. J’ai parfois le sentiment qu’ils ne regardent plus le match. Ils ne le vivent plus et préfèrent en écouter les commentaires. C’est ubuesque.
Laissez-moi convoquer, en tant que coach, Albert Camus et sa « pensée de midi ». Face à la violence et au nihilisme, il voulait retrouver le sens de la nuance, de la juste mesure, une pensée à la fois raisonnable et passionnée. Je pense aussi à René Char, qui parlait de la lucidité comme de la blessure la plus proche du soleil. Nous avons besoin de cette lucidité, de ce « réalisme » comme diraient les commentateurs de foot. Après tout, n’est-ce pas le rôle du coach d’avoir « les yeux en face des troubles » ?