Grande transmission : comment éviter de creuser les inégalités ?

Un séisme successoral historique. Ce sont près de 9 000 milliards d’euros qui vont changer de mains en France d’ici 2040, soit l’équivalent de 2,5 fois la dette française. L’explication est simple : la génération du baby-boom va progressivement s’éteindre. Et le patrimoine qu’elle a accumulé, dopé par la hausse régulière des prix de l’immobilier, va revenir à ses héritiers. Le phénomène a été qualifié de « Grande transmission » dans un récent rapportrédigé par Hémisphère Gauche et la Fondation Jean-Jaurès. Avec une première conséquence positive pour les finances publiques qui verront augmenter significativement le montant des impôts qui pèsent sur ce flux successoral (environ 30 milliards d’euros par an).

Selon l’Insee, les plus de 70 ans possèdent aujourd’hui environ un quart du patrimoine national. Si l’on considère les plus de 50 ans, c’est même 70 %. Problème, l’héritage pèse déjà plus lourd dans la constitution des fortunes que les revenus (il en représente 60 % au total, contre seulement 35 % dans les années 70). Et la Grande transmission va accentuer ce phénomène inégalitaire.

Le risque est celui d’un retour à une société d’héritiers, comme ce que la France a pu connaître au XIXe siècle. Le rapport suggère, afin d’y remédier, la mise en place d’un impôt sur les grandes successions qui concernerait le « top 1 % » d’entre elles. Mais le sujet est inflammable. En effet, même si 87 % des héritages en France n’atteignent pas 100 000 euros (et ne sont donc pas taxables), l’idée d’une hausse de la fiscalité en la matière demeure fortement impopulaire. Un autre de nos paradoxes.