« Aucun des grands producteurs d’énergie fossile ne devrait pouvoir se retrouver dans les fonds labellisés », assurait récemment Michèle Pappalardo, présidente du comité du Label ISR (Investissement Socialement Responsable). C’est pourtant le cas aujourd’hui. C’est pourquoi, après deux années de débats, l’organisme a émis plusieurs propositions de réforme visant à renforcer la crédibilité de son label. L’enthousiasme du ministre de l’Économie et des Finances s’avère… modéré.
Exclure les producteurs d’énergie fossile non-conventionnelle ? Bercy renâcle, sensible aux arguments des lobbies issus de la finance. Ces derniers avancent que les entreprises polluantes ont besoin du capital levé par les fonds ISR pour financer leur transition. Les discussions continuent et la décision du ministère, qui était attendue en septembre, a été repoussée à juin prochain.
Nos voisins belges, eux, se sont montrés plus tranchants. En juin dernier, le label Towards Sustainability excluait de facto les entreprises liées à de nouveaux projets dans les énergies fossiles, comme TotalEnergies.
Les réflexions sur la confiance dans les labels de la finance durable font écho au trouble qui persiste sur le cadre de transparence que proposait de lui donner le règlement européen SFDR. Il a instauré la classification en article 6, 8 et 9, distinguant le niveau de prise en compte des enjeux de durabilité au sein des fonds. Mais cette nomenclature, dont la lisibilité est entachée par l’hétérogénité des pratiques des acteurs, est désormais remise en question par la Commission européenne elle-même. Elle a ainsi ouvert jusqu’au 15 décembre une grande consultation auprès de ses parties prenantes, susceptible d’aboutir à une toute nouvelle classification.