Depuis lundi 17 mars, et pour deux semaines, l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) réunit son conseil en Jamaïque, avec l’espoir de parvenir enfin à l’adoption d’un code destiné à encadrer l’extraction minière en haute mer. Voilà 10 ans qu’un texte est en discussion, et 10 ans qu’il n’obtient aucun consensus.
Les 168 pays membres de l’AIFM sont divisés sur le sujet. Certains rêvent de profits mirifiques liés aux nodules polymétalliques, riches en nickel et en cobalt, qui reposent au fond des océans. L’entreprise canadienne The Metal Company prévoit, par exemple, de déposer la première demande de contrat d’exploitation dans le Pacifique, en juin 2025.
D’autres pays, en revanche, défendent un moratoire (ils sont 32 au dernier décompte), en attendant de disposer d’études sur les conséquences environnementales d’une telle activité. La France a même pris position contre toute exploitation. Les ONG rappellent que les océans ont absorbé environ 30% des émission de CO2 depuis 1870 : les fonds marins sont des puits de carbone dont nous connaissons mal les équilibres.
Pour Marjolaine Matabos, chercheuse en biologie marine à l’Ifremer, « Aucune urgence, économique ou sociétale, ne justifie que l’on prenne le risque d’exploiter ces grands fonds marins, sans avoir suffisamment de connaissances scientifiques sur l’impact de cette exploitation ». Elle est, par ailleurs, rendue d’autant moins pertinente que le nickel et le cobalt sont de moins en moins utilisés dans les batteries pour voitures électriques et que leur prix chute.