Six mois après sa nomination, le directeur général de Shell a mis fin au plan de compensation carbone du groupe, l’un des plus importants au monde. Des investissements qui, sur le papier, auraient permis au pétrolier de compenser 10 % de ses émissions. L’une des raisons invoquées ? Le peu d’efficacité des projets qu’il a déjà financés. D’autres grandes entreprises comme Gucci et Nestlé viennent de prendre des mesures similaires.
Un certain nombre d’études ont suscité la méfiance des entreprises quant à l’efficacité réelle des crédits carbone. Le 24 août dernier, la revue Science a publié les travaux de chercheurs des universités de Cambridge et d’Amsterdam. Leur conclusion : certains projets prétendent limiter la déforestation des forêts tropicales dans des proportions bien supérieures à la réalité.
Leur analyse est sans appel. L’évaluation des destructions de forêts susceptible d’être évitée par les projets se fait quasiment toujours de façon anticipée. Ce calcul des tonnes de CO2 évitées dans le futur est ensuite converti en crédits carbone.
Mais les chercheurs ont comparé les taux de déforestation prévus à ceux constatés quelques années plus tard sur le terrain. Dans presque tous les cas, la déforestation réelle se révèle largement inférieure à celle attendue : les crédits engendrés sont dès lors très exagérés, voire totalement fictifs. Afin de restaurer la confiance, l’étude publiée dans Science recommande que les projets adoptent des scénarios plus transparents et établis par des institutions gouvernementales.