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La CSRD esquive les dernières flèches lancées contre elle

  • Auteur : Decade for change
  • lundi 23 octobre 2023

S’il fallait jauger la portée future de la CSRD à l’aune de l’énergie déployée par ses opposants, cette directive visant à harmoniser le reporting de durabilité des entreprises semble plutôt bien partie.

On a récemment assisté à l’offensive menée par des eurodéputés Renew et PPE contre l’acte délégué (sorte de décret d’application) de la Commission européenne, précisant les normes de reporting (ESRS) à appliquer. Selon eux, les indicateurs de performance choisis représentaient une charge trop lourde pour les entreprises. Leur résolution, qui aurait pu retarder l’entrée en vigueur de la CSRD le 1er janvier prochain, a finalement été rejetée.

Une autre voix critique s’est fait entendre le 10 octobre dernier, celle d’Emmanuel Faber à la tête de l’ISSB, initiative concurrente de la CSRD. Cette organisation de droit privé, mandatée pour développer des standards internationaux de reporting extra-financier, se fonde sur la seule “matérialité financière” (prise en compte des impacts de l’environnement économique, social et naturel sur les résultats de l’entreprise). Son président a fustigé la CSRD qui privilégie, elle, le principe de double matérialité (tenir également compte de la “matérialité d’impact”, donc des impacts de l’entreprise sur son environnement).

Emmanuel Faber a dénoncé le caractère irréaliste d’une comptabilité exhaustive des impacts. Les partisans de la CSRD lui ont répondu que l’exhaustivité n’était pas le but, et que les progrès de la science rendraient la mesure de plus en plus complète.

Il juge également la matérialité d’impact trop parcellaire, complexe, pas adaptée aux exigences des marchés financiers. Ses défenseurs avancent que ces impacts pourront bien être traduits comme des dépenses et des dépendances, ce que les entreprises savent tout à fait traiter. 

Emmanuel Faber a enfin jugé que la CSRD n’était pas à même d’amener les entreprises à se transformer. Pour ses partisans, le socle d’informations qu’elle fournit est, au contraire, le socle indispensable pour des choix éclairés de la part des dirigeants, des actionnaires et des pouvoirs publics.

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