Des ambitions revues à la baisse. Dans la précédente édition de son bilan prévisionnel, parue en 2023, le Réseau de transport de l’électricité (RTE) présentait un scénario où la consommation nationale atteignait 650 térawattheures par an à l’horizon 2035. Nous ne sommes pas du tout sur cette trajectoire aujourd’hui. Si la production a retrouvé son niveau d’avant Covid, la consommation, elle, est inférieure de 6 % à son niveau de 2019. En cause, une électrification des usages (industrie, véhicules électriques, datacenters…) moins dynamique que prévu.
La France connaît donc pour le moment une « surcapacité transitoire » qui devrait durer deux ou trois ans. À court terme, cela permet de proposer des prix bas. Mais si cela perdurait, cela pourrait faire grimper de 7 % le prix du mégawattheure. Car la rentabilisation des installations suppose une utilisation optimale.
Mardi 9 décembre, RTE a actualisé ses chiffres en proposant deux scénarios. Le premier est celui d’une trajectoire de décarbonation lente (non-compatible avec nos objectifs climatiques), où la consommation atteindra 505 TWh en 2035. Le second est celui d’une décarbonation accélérée, à 580 TWh, qui nécessite de réussir à électrifier de nombreux usages afin de se passer des énergies fossiles (qui représentent encore près de 60% de la consommation d’énergie sur le sol français).
Quelles implications pour la feuille de route énergétique du gouvernement ? La construction de six nouveaux réacteurs de type EPR 2 est toujours sur les rails– mais ils ne seront pas rentables en cas de décarbonation lente. Côté énergies renouvelables, RTE appelle à ralentir le déploiement du photovoltaïque et de l’éolien en mer.
Bercy a réagi en confirmant la nécessité d’accélérer sur l’électrification des usages. Selon Nicolas Goldberg, du cabinet Colombus, une consommation électrique inférieure à 540 TWh en 2035 signerait un échec.