La tarification du carbone était déjà, dans un nombre croissant de grands groupes, un outil d’aide à la décision pour le management, dans sa stratégie d’investissement en particulier. Peut-il le devenir pour les investisseurs et les marchés ?
C’était déjà l’intention de Danone qui avait présenté en 2020 un bénéfice par action ajusté du prix du carbone, destiné à croître plus vite que le bénéfice global.
Getlink, la maison-mère d’Eurotunnel, propose à son tour un indicateur établissant un lien concret entre la performance économique de l’entreprise et son impact climatique. La « marge décarbonée » que l’entreprise vient d’annoncer retranche de l’EBITDA la facture carbone liée à l’ensemble de ses activités (exploitation du tunnel, fret ferroviaire et interconnexion électrique entre la France et le Royaume-Uni), sur les trois scopes.
Elle retient pour cela un prix pour la tonne de CO2 significativement élevé, à 197€ (soit la recommandation de l’agence américaine de protection de l’environnement), et compatible avec la pente proposée par la commission présidée par Alain Quinet en 2019 (250€ euros en 2030, 500€ en 2040 et 775€ en 2050).
L’objectif de l’entreprise : valoriser auprès de son environnement la faible empreinte carbone de ses activités. Son EBITDA n’est dégradé que de 3% avec la marge décarbonée (alors qu’il chute bien plus sévèrement pour de nombreuses entreprises cotées, même avec un prix du carbone divisé par deux). Qui emboîtera le pas ?