Les entreprises paient de plus en plus pour le carbone qu’elles émettent. Selon la Banque mondiale, les revenus issus de mécanismes de tarification du carbone ont bondi de 60% en 2021, pour s’élever à 84 milliards de dollars. Ces mécanismes (36 taxes et 32 marchés de quota identifiés à travers le monde) couvrent désormais 23% des émissions mondiales. Parmi les projets d’extension déjà sur les rails, celui du marché européen, qui fait référence : dans le cadre du paquet Fit for 55, il s’appliquera bientôt aux secteurs des transports et du bâtiment.
Le prix du carbone, considéré de longue date par les économistes comme le premier levier de décarbonation, est-il en passe de concrétiser sa promesse ? Pas si son prix reste faible, comme alerte La Banque Mondiale. Et c’est là que le bât blesse. Seuls 4% des émissions sont facturées plus de 50$ la tonne (contre 80 à 90€ actuellement sur le marché européen). La quasi-totalité du carbone émis reste bien trop bon marché pour pouvoir réellement déclencher des investissements bas carbone.
Et le contexte n’aide pas : la crainte est qu’un prix du carbone jugé trop élevé et mal réparti le rende politiquement inacceptable. Avec le retour de l’inflation et les aléas économiques nés des crises, l’incertitude plane sur la possibilité que le carbone atteigne suffisamment tôt des niveaux de prix compatibles avec l’accord de Paris.