La transparence climatique est aujourd’hui le sujet le plus brûlant des travaux sur le reporting des entreprises. Elle est unanimement reconnue comme la condition sine qua non pour accélérer l’action climatique et bien orienter les décisions des investisseurs. Mais il demeure difficile d’accéder à une information authentique, vérifiable et surtout comparable.
Dans le sillage de la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD), les régulateurs nationaux, les organisations chargées de fixer des standards internationaux (ISSB en tête) et une grande variété d’initiatives s’attellent à fixer des règles efficaces pour cette transparence climatique.
Le CDP se félicite cette semaine d’avoir enregistré une année 2022 record : 20 000 organisations ont partagé leurs données climat, déforestation et eau avec la plateforme de référence. Une progression spectaculaire de plus d’un tiers par rapport à l’an passé.
C’est aussi le constat de South Pole, qui a étudié 1200 entreprises dans 12 pays : le nombre de celles qui déclarent avoir fixé des objectifs climatiques fondés sur la science a triplé depuis leur enquête 2021.
Ce tableau est pourtant entaché d’une ombre nouvelle : un quart des entreprises interrogées décident de ne pas rendre publics les détails de leurs trajectoires climatiques. Du « greenhushing » selon South Pole (de hush, qui veut dire « chut » en anglais).
Comment l’expliquer ? Par la période, qui incite les entreprises à la méfiance : multiplication des actions en justice sur fond d’allégations climatiques trompeuses, pression croissante des régulateurs, fronde anti-ESG aux Etats-Unis, critiques adressées au standard de référence SBTi, etc. La tentation est forte de se taire pour se protéger des examens trop approfondis et des accusations de greenwashing. « Pour vivre heureux, vivons cachés », une aubaine pour les moins volontaires dans l’action climatique ?