Alors que la gestion de l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse provoque la gronde du monde de l’élevage, Emmanuel Macron tente de désamorcer un autre dossier pouvant rendre la situation encore plus inflammable. Il a demandé la semaine dernière à Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, un report de l’examen de l’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur.
Après la journée du jeudi 18 décembre, au cours de laquelle des agriculteurs ont manifesté devant les bâtiments de la Commission à Bruxelles, sa présidente a finalement décidé de reporter la signature à janvier. L’exécutif européen espérait parapher le traité samedi 20 au Brésil. Ursula von der Leyen avait besoin au préalable de l’aval d’une majorité qualifiée d’États membres. Or, après la Pologne, la Hongrie et la France, l’Italie a elle aussi exprimé son désaccord cette semaine. Il existe donc désormais une minorité de blocage.
Le traité doit favoriser les exportations européennes de voitures, de machines, de vins et de spiritueux, mais également, en contrepartie, l’entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains. Les filières concernées par ces imports y sont opposées, tout comme la quasi-intégralité du spectre politique français.
Mais une non-signature du traité ne suffirait pas à elle seule à régler les difficultés bien réelles des agriculteurs français. Selon Thierry Pouch, économiste au sein de l’Assemblée des chambres d’agriculture, la compétitivité de notre agriculture et de notre industrie agroalimentaire s’est érodée. Un exemple : en quinze ans, la production de bœuf français est passée de 1,5 million de tonnes par an à 1,3 million.