Les revendications des agriculteurs ont obligé le gouvernement a réécrire plusieurs fois son projet de « loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture ». Longtemps reporté, il a finalement été présenté en Conseil des ministres mercredi 3 avril. Ce texte a vocation à moderniser le modèle de production français, tout en l’adaptant aux contraintes qu’impose le changement climatique.
Riche de 19 articles, le projet de loi s’ouvre sur une déclaration « d’intérêt général majeur » de l’agriculture, qui la place de facto au même niveau d’importance que l’environnement dans les politiques publiques. Il entend protéger la souveraineté alimentaire française, faciliter la transmission des exploitations, l’installation des agriculteurs et simplifier les normes.
Mais à peine rendu public, ce texte a reçu les critiques de nombreuses ONG écologistes. Elles dénoncent notamment des reculs en matière de protection des écosystèmes (en fragilisant la préservation des haies dans les exploitations), le fait que la transition des exploitations soit peu traitée et que la question de l’usage des produits phytosanitaires ne soit pas du tout abordée.
Ces griefs résonnent avec la lettre envoyée le 2 avril au Premier ministre par le Haut conseil pour le climat, prenant acte de l’insuffisance de l’action écologique gouvernementale. Il rappelle que la production agricole doit accélérer la baisse de ses émissions d’un facteur 1,25 à 3,5 et que « réduire l’ambition de l’action climatique serait renoncer à assurer la protection de la population ».