Le PIB mondial serait 37 % plus élevé si la planète ne s’était pas réchauffée de 0,75°C depuis 1960. C’est ce que révèlent les travaux des économistes Adrien Bilal, de l’Université Harvard et Diego Kanzig, de l’Université Northwestern, publiés en mai. L’effet du changement climatique sur la croissance est étudié de longue date par les économistes, à commencer par William Nordhaus, Prix Nobel en 2018. Il estimait alors qu’un réchauffement de 3°C entraînerait une perte de PIB de 1 à 2 %.
L’étude d’Adrien Bilal et Diego Kanzig se montre beaucoup plus alarmiste : chaque degré diminuerait en réalité le PIB de 12 %. Une hausse de 3°C représenterait ainsi un choc équivalent “au pic de la Grande Dépression, mais pour toujours”.
Les auteurs se distinguent par leur méthodologie : le réchauffement climatique étant un phénomène global, susceptible de provoquer des événements extrêmes en simultané, ils ont étudié l’impact économique en analysant les écarts de température au niveau mondial, qui sont bien plus importants qu’en local.
Leurs travaux pourraient transformer notre approche du coût de la transition. En effet, les gouvernants s’intéressent de près au “coût social du carbone”, c’est-à-dire l’impact financier de chaque tonne d’émissions supplémentaire. L’étude l’estime à 1056 dollars, soit “six fois plus que ce qui ressortait des analyses économiques menées jusqu’à présent”. Autrement dit : il est en réalité moins coûteux pour un État de mettre en place des dispositifs de décarbonation que de supporter les impacts négatifs, dès lors que le coût par tonne de CO2 évitée est inférieur à un certain seuil.
Reste cependant à voir si l’article résistera à l’étape de l’évaluation par les pairs des auteurs.