L’entreprise à mission, créée il y a 5 ans par la loi Pacte, est à un tournant. Deviendrait-elle moins séduisante ? La semaine dernière, Léa Nature, une des premières ETI à avoir adopté cette qualité en 2019, l’a retirée de ses statuts pour privilégier un « pacte d’engagements général« .
Selon la Communauté des entreprises à mission (CEM), après une augmentation de 34 % en 2022, le nombre de sociétés à mission n’a augmenté que de 14 % depuis 2023. Il serait pourtant abusif de parler de perte de vitesse, pour plusieurs raisons.
Léa Nature est un cas particulier. Son fondateur explique son choix par son modèle « pluriactivités et multi-sites« , difficilement soluble dans le cadre de la société à mission, mais aussi par la décision prise en 2021 d’opter pour le modèle de fondation actionnaire.
Ce dernier est plus “radical” encore que l’entreprise à mission. Il transfère la propriété d’une entreprise à une fondation, qui peut devenir garante de ses engagements écologiques et sociaux.
Par ailleurs, la CEM rappelle que le contexte des premiers exercices CSRD a pu freiner de nombreuses entreprises dans leur volonté d’adopter la qualité d’entreprise à mission. Les directions RSE ont ainsi manqué de moyens humains pour mener ces deux projets de front.
Le modèle reste attractif : il est bénéfique pour les entreprises (le Crédit Mutuel Arkéa estime ainsi que l’adoption de cette qualité a augmenté de 35 % le nombre de candidats à ses offres d’emploi), et concerne désormais des structures de tailles de plus en plus diverses (grandes entreprises, ETI…). Ses partisans demeurent convaincus de la capacité du modèle à transformer structurellement les entreprises et à donner au collectif une vision de long terme.