Dévoilé fin décembre 2023 par l’ex-ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, l’avant-projet de loi relatif à la souveraineté énergétique a été accueilli sans enthousiasme, notamment de la part des acteurs des énergies renouvelables. Ce texte, qui doit être présenté en Conseil des ministres d’ici à début février, vise à mettre en œuvre la stratégie française pour l’énergie et le climat au cours des quinze prochaines années. L’avant-projet détaille la feuille de route énergétique de la France. Objectif : réduire les émissions brutes de gaz à effet de serre de 50 % en 2030 par rapport à 1990 – à priori insuffisant pour s’aligner avec une trajectoire 1,5°C.
Aucune mesure concrète n’est présentée pour atteindre cette cible, et aucun chiffre n’est précisé concernant la part des renouvelables dans la consommation énergétique finale. La filière, par la voix du Syndicat des énergies renouvelables, s’en est inquiétée, et a dénoncé un texte “irrespectueux du rôle que le secteur et les filières devront jouer pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles”. Tandis que l’Union européenne attend de la France une mise en conformité avec le nouvel objectif commun de 42,5 % de renouvelables en 2030, cet “oubli” de présenter un objectif chiffré est loin d’être neutre.
En réalité, le gouvernement acte dans ce texte son engagement pour une “relance inédite du nucléaire”, avec la construction de nouveaux réacteurs EPR, pour une production de 63 gigawatts d’ici 2035. La France défend depuis plusieurs mois la nécessité de poursuivre des objectifs d’énergie décarbonée plutôt que renouvelable, afin de prendre en compte le nucléaire et pas seulement les ENR, “sujettes à incertitudes”, selon le gouvernement.