Les Français sont entrés dans « l’âge du grief »

C’est un profond « malaise démocratique » que pointe le Cevipof dans son dernier baromètre de la confiance politique. Les trois-quart des Français déclarent ne pas faire confiance aux institutions, tandis que 71 % d’entre eux estiment que notre système démocratique fonctionne mal. Le climat général est dominé par des sentiments négatifs : 45 % de nos compatriotes expriment de la méfiance, 40 % de la lassitude, 35 % de la morosité. L’idée d’un « homme fort » au pouvoir pour remettre l’ordre séduit 73 % de nos concitoyens…

Si ces chiffres sont plus hauts que chez nos voisins européens, la tendance est mondiale. Un autre baromètre de la confiance, celui publié chaque année par l’agence Edelman à Davos et réalisé dans 28 pays, montre que nous serions collectivement entrés dans « l’âge du grief ». Une personne sur six déclare ainsi ressentir un niveau de ressentiment « modéré » ou « élevé » envers les institutions. Cela s’inscrit sur un fond de fracture sociale, les personnes à faibles revenus n’étant que 48 % à leur accorder leur confiance, contre 61 % des revenus les plus élevés.

Plus grave, l’enquête révèle que, dans ce contexte, la violence apparaît comme une forme envisageable de réponse. Quatre personnes sur dix se disent favorables à de « l’activisme hostile » (diffusion de fake news, menaces, dégradations…) pour accélérer les changements sociétaux et 20 % d’entre elles justifient le recours à la violence pour défendre leurs convictions. Les plus jeunes se montrent les plus radicaux : ce chiffre grimpe à 53 % chez les 18-34 ans.