14 % d’augmentation en un an sur les produits alimentaires. Et 18 % pour les produits frais. Ces chiffres, issus de relevés effectués dans les magasins Leclerc (corroborant les données de l’Insee), ont fait réagir le président du comité stratégique du groupe, Michel-Edouard Leclerc : « on ne se mobilise pas là où les marges se font et là où la concurrence ne se fait pas, ça va coûter très cher aux Français ». Mais qu’a-t-il voulu dire par là ?
Certes, les prix élevés de l’énergie et des engrais, le mauvais temps dans les principaux pays producteurs et la guerre en Ukraine apparaissent comme des causes évidentes de cette augmentation. Mais ce ne sont pas les seules, et peut-être même pas les principales. Les quatre principaux négociants en grains dans le monde ont en effet enregistré des ventes et des bénéfices records cette année. Et prévoient que la demande dépassera l’offre au moins jusqu’en 2024, ce qui devrait continuer à tirer les prix vers le haut.
« Les marchés céréaliers mondiaux sont encore plus concentrés que ceux de l’énergie et encore moins transparents, de sorte qu’il existe un risque énorme d’abus », a déclaré Olivier De Schutter, coprésident de l’IPES-Food (le groupe international d’experts sur les systèmes alimentaires durables).
Selon lui, la flambée des prix s’est produite malgré des réserves mondiales de céréales abondantes. Le quotidien britannique The Guardian avance même que certains des négociants ont augmenté leurs marges. De nombreuses ONG, dont Oxfam, ont appelé à taxer les superprofits réalisés par certaines entreprises depuis la pandémie de Covid afin d’en faire bénéficier les populations les plus défavorisées.