Douze années. C’est le temps restant aux constructeurs et aux équipementiers pour respecter le passage au tout-électrique programmé par l’Union européenne en 2035. La capacité à tenir ce délai est encore très hypothétique. En cause notamment, la difficulté à baisser le prix des batteries, qui représente un tiers de celui des véhicules.
En effet, la tension croît sur les matériaux nécessaires à leur fabrication (lithium, manganèse, cobalt, cuivre en particulier), alors que la France, et plus largement l’Europe, doivent presque tout importer. Afin d’anticiper d’éventuelles ruptures d’approvisionnement, l’Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (Ofremi) a été lancé le 29 novembre dernier. Cofinancé par le public et le privé, il servira à mieux connaître où se trouvent les ressources de demain, les capacités de raffinage ainsi que les projets des grands acteurs miniers. Pas sûr que cela suffise.
Début novembre, le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton insistait pour introduire une clause de revoyure et « adapter en 2026 les mesures soutenant la trajectoire vers 2035 ». Une hésitation qui fait grincer des dents les industriels, car gérer en parallèle deux générations de plateformes automobiles engendre de gros surcoûts.
Pendant ce temps, Joe Biden, lui, avance. Son Inflation Reduction Act (visant à réduire l’inflation tout en protégeant les entreprises américaines) prévoit notamment une aide à l’achat de voiture électrique allant jusqu’à 7500 dollars, à condition que le modèle – et sa batterie – soient « made in USA ». Un plan jugé « agressif » pour les entreprises européennes par Emmanuel Macron, en visite d’État à Washington en cette fin de semaine.