Les jeunes sont désormais 7 % à entrer sur le marché du travail en se mettant à leur compte. Ils n’étaient que 3 % en 2003. Ce chiffre issu de la dernière édition du rapport de l’Insee sur les indépendants, publiée cette semaine, mérite d’être relevé. Il coïncide en effet une autre tendance de fond.
Même avec un diplôme universitaire, il devient de plus en plus difficile de décrocher un job salarié qualifié dans une entreprise. Selon l’Insee, le taux de chômage des jeunes est nettement supérieur à celui du reste de la population. En 2023, il a atteint 17,2 % en moyenne sur l’année chez les 15-24 ans, contre 6,7 % chez les 25-49 ans. Et en 2024, les embauches de jeunes ont baissé de 19 %.
Les études supérieures ne confèrent plus le même avantage qu’il y a quinze ans. Les chances, pour un jeune diplômé, d’accéder à un emploi qualifié et bien payé par rapport à un non-diplômé baissent tendanciellement, sauf pour une petite élite. L’augmentation continue du nombre de diplômés de master, qui atteint environ 140 000 par an, interroge sur la dévalorisation de ces titres.
Par ailleurs, l’essor de l’IA représente un facteur aggravant pour l’emploi des jeunes. Aux États-Unis, 37 % des recruteurs préfèrent désormais déployer une IA plutôt que d’embaucher un jeune diplômé. En Europe, jusqu’à 25 % des emplois dans l’administration et la gestion pourraient être automatisés. Or, ce sont les juniors qui occupent, jusqu’ici, les fonctions les plus susceptibles de l’être. En privant ceux-ci d’étapes fondamentales de leur apprentissage, les entreprises font peser des risques sur leur évolution – et donc sur la qualité de leur propre main d’œuvre à plus long terme.
À lire pour aller plus loin, cet article de The Atlantic intitulé « Something alarming is happening to the job market ».