Tandis que le Parlement européen cherche un accord sur la question des quotas de CO2, les marchés du carbone volontaires – c’est-à-dire non réglementés – continuent à gagner en importance. Ils représentent désormais 1 milliard de dollars, un volume multiplié par trois en un an. Ce sont ces marchés sur lesquels les entreprises achètent des crédits de « compensation », pour pouvoir revendiquer le fait d’avancer vers la neutralité carbone.
Ces crédits sont encore très peu chers (la tonne CO2 s’échange à moins de 10$ contre plus de 80€ sur le marché européen), ce qui contribue à rendre perplexes les observateurs sur la réalité de leur impact sur le climat. Les acteurs financiers eux-mêmes doutent de leur intégrité. Dans un récent rapport, le Crédit Suisse décrit ces marchés volontaires comme le « Wild West », dénonce leur manque de transparence et relève que la plupart des projets d’énergies renouvelables sur lesquels ils s’appuient ne sont pas situés dans les pays en développement comme ils devraient l’être. Le gendarme financier américain, la SEC, avait lui aussi appelé quelques semaines auparavant à une transparence bien plus grande sur ces crédits, s’ils avaient vocation à prouver les efforts d’alignement des entreprises avec les objectifs climatiques. Vérification, pertinence, qualité, tout pose encore problème à ce stade.
Face à ces critiques croissantes, les acteurs du marché – dont les entreprises acheteuses – veulent dire qu’ils prennent toute la mesure de ces enjeux. Ceux réunis dans la Voluntary Carbon Markets Integrity initiative (VCMI) proposent par exemple un code pour garantir la réalité de l’impact des crédits achetés et revendiqués. Ce code sera testé dans les prochains mois dans une version provisoire par Google, Unilever ou encore Hitachi.