Une hausse des températures de 1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle ? Improbable. Deux degrés ? On s’en éloigne de plus en plus. En 2030, le monde produira plus d’une fois et demie la quantité d’énergies fossiles indispensable au respect de ce second seuil, selon le rapport de l’ONU intitulé “Production Gap Report”, publié cette semaine.
Si 151 États se sont engagés à atteindre la neutralité carbone vers 2050, aucun n’a réellement promis de réduction chiffrée de la production ou de la consommation de charbon, de pétrole ou de gaz. Additionnés, les plans gouvernementaux conduisent même à une augmentation de la production mondiale de pétrole et de gaz pour les 30 années à venir.
Les entreprises ne bougent pas beaucoup plus vite. Parmi les 2 000 plus grandes sociétés cotées dans le monde, plus de la moitié se sont fixées l’objectif d’atteindre zéro émission nette en 2050 (soit une hausse de 40 % en un an). Mais une étude Net Zero Tracker montre qu’en dépit de ce chiffre, seuls 4 % des engagements climatiques répondent aux critères fixés par l’ONU : prise en compte du scope 3, réduction immédiate et mises à jour annuelles.
Un troisième rapport finit d’enfoncer le clou. Selon “L’Adaptation Gap Report” de l’ONU, les sommes nécessaires pour adapter le monde au réchauffement en cours sont de 10 à 18 fois plus élevées que les flux financiers publics internationaux actuels. Les coûts du dérèglement climatique et les besoins de financement pour préparer les sociétés des pays en développement (les plus touchés) se montent entre 203 à 365 milliards d’euros par an au cours de cette décennie.