Publié le premier jour du forum de Davos, le rapport annuel d’Oxfam sur les inégalités a frappé particulièrement fort. L’ONG appelle en effet à diviser par deux le nombre de milliardaires dans le monde d’ici à 2030, pour ensuite les abolir sur le long terme.
Au-delà de l’aspect délibérément polémique d’une telle proposition, les chiffres avancés dans le rapport invitent à la réflexion. Au cours des dix dernières années, sur 100 dollars de richesse créée, 54,4 dollars sont allés aux 1 % les plus riches, tandis que 70 centimes seulement ont profité aux 50 % les plus pauvres.
Dans le même temps, les impôts touchant les plus riches se sont effondrés, une tendance commune à toutes les régions du monde. Selon Oxfam, ceux payés par les citoyens (sur le revenu, les salaires ou la consommation) représentent plus de 80 % des recettes fiscales mondiales, contre 14 % pour l’impôt sur les sociétés et 4 % seulement pour les impôts sur le patrimoine des très grandes fortunes.
Une tendance difficile à inverser. En effet, comme le montre un article de « The Economist », plus les inégalités augmentent et plus l’influence des élites économiques sur la législation est forte, ce qui ne joue pas en faveur d’une meilleure distribution des richesses.
Oxfam plaide donc pour taxer les dividendes et augmenter l’impôt sur les revenus du travail et du capital des 1 % les plus riches. Surprise : 200 millionnaires de 13 pays différents ont abondé en son sens en appelant les dirigeants mondiaux à les imposer davantage. Selon l’ONG, de telles mesures permettraient de collecter, chaque année, près de 1 700 milliards de dollars.