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Planification écologique : la “bagnole” et les angles morts

  • Auteur : Decade for Change
  • lundi 2 octobre 2023

Les annonces présentées lundi dans le cadre de la planification écologique valent moins pour elles-mêmes – la plupart étaient déjà connues – que pour le discours qui les accompagne, et les marges qu’il donne à l’action publique.

Le cas des transports l’illustre bien. Le teaser de la veille (« la bagnole, moi, je l’adore ») avait donné le ton pour le premier secteur du pays en termes d’émissions GES (un tiers du total). Parmi l’ensemble des leviers de décarbonation identifiés avant l’été par le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) – et nourris du rapport remis par Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz – le discours présidentiel a mis en avant le déploiement du véhicule électrique (via un soutien à la filière pour sa production et un système de leasing aux dimensions modestes à ce stade) et la construction de 13 RER métropolitains.

L’impasse est faite sur trois des cinq moyens de décarbonation du secteur : la réduction de la demande de transport, le taux de remplissage et l’efficacité énergétique des véhicules. Rien n’est dit non plus de l’avenir des projets d’infrastructures routières et aéroportuaires, de l’avion, du vélo ou du poids des véhicules. Exit toute forme de contrainte sur la production ou sur les usages. Exit aussi la question du financement de la transition, des mécanismes pollueur/payeur et des modifications des règles qui favoriseraient économiquement les changements de comportement.

En synthèse, comme l’analyse l’économiste Christian Gollier (TSE), « il suffirait donc que chacun attende la bonne subvention publique pour verdir son mode de vie ou de production ». Avec un capital politique inscrit dans ce champ étroit, la capacité à boucler avec un objectif de réduction des émissions de 5% par an semble bien utopique.

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