Né au printemps sur les réseaux sociaux et les messageries cryptées pour contester par tous les moyens la politique du gouvernement Bayrou, le mouvement « Bloquons tout » a pu faire penser, à ses débuts, à celui des gilets jaunes. La page Internet « Les Essentiels », apparue très vite, est issue d’un courant souverainiste de droite. D’anciens gilets jaunes y ont appelé à bloquer le pays. Mais rapidement, la sociologie du mouvement a évolué.
Antoine Bristielle, directeur de l’Observatoire de l’opinion de la Fondation Jean Jaurès a tenté de mieux la comprendre. Son enquête, menée courant août, dessine un public bien différent. Ainsi, seuls 27 % de ceux qui se préparent au 10 septembre avaient participé à la mobilisation des gilets jaunes. La population concernée est plus diplômée et urbaine. Plus jeune aussi. Sensible aux inégalités et à l’injustice sociale et fiscale, elle n’a pas, pour autant, l’expérience intime de la précarité.
Sa sensibilité politique penche massivement vers la gauche radicale. Près de 70 % des répondants à l’enquête ont voté LFI à la dernière élection présidentielle. Jean-Luc Mélenchon a d’ailleurs apporté son soutien au mouvement le 17 août dernier, suivi par les Écologistes. Les syndicats, en revanche, se révèlent divisés, craignant de se voir accusés des débordements qui pourraient survenir.
Un sondage publié fin août montre que deux Français sur trois soutiennent « Bloquons tout ». Un chiffre qui pourrait toutefois rapidement diminuer si ce mouvement protéiforme aux injonctions contradictoires basculait dans la violence.