Neuf euros : c’est le coût du pass mensuel mis en place par l’Allemagne cet été, permettant à des millions de voyageurs d’emprunter durant trois mois l’ensemble des réseaux urbains et régionaux du pays. Une décision prise pour contrer l’inflation et soulager le portefeuille des voyageurs, mais également pour réduire l’usage de la voiture dans une perspective écologique, avec une réduction des émissions carbone estimée à 1,8 million de tonnes.
L’État fédéral n’est pas le seul à baisser fortement le prix des transports publics pour en encourager l’usage. L’Espagne a opté en septembre pour la gratuité des trains régionaux jusqu’en décembre. En juin, le gouvernement avait déjà fait baisser le prix des tickets de métro-bus-tram de 30 %. Des opérations couronnées de succès et plébiscitées par la population : le ticket allemand s’est ainsi vendu à 21 millions d’exemplaires lors de son lancement en juin, selon la Fédération des entreprises de transport.
Le même modèle est-il applicable en France ? Certaines villes se sont lancé le pari en 2022, comme Morlaix ou Nantes durant les week-ends. Mais plusieurs voix s’élèvent contre l’idée d’une généralisation durable de la gratuité des transports dans l’Hexagone. Trois arguments sont invoqués. Premièrement, le coût de la démarche pour les gouvernements. Comptez 432 millions d’euros pour l’État espagnol, 3 milliards d’euros pour les caisses allemandes, au service d’opérations temporaires. Deuxièmement, l’insuffisance logistique. En Allemagne, certaines scènes de chaos ont ainsi eu lieu dans les gares. Enfin, le manque de recul sur les réels bénéfices de ce type de mesure. Il semblerait en effet que les transports gratuits ne soient pas exploités sur les trajets en semaine, comme escompté, mais plutôt sur les temps de loisirs et le week-end.