Travail : les cinq révolutions qui nous attendent

La crise démographique en France s’accélère. Dès 2035, la population active devrait décroître. Dans une note publiée cette semaine par le Haut-Commissariat à la stratégie et au plan, Antoine Foucher (ancien directeur de cabinet de Muriel Pénicaud au ministère du travail) expose les cinq révolutions que ce bouleversement va engendrer pour le marché du travail.

Première d’entre elles : les Français vont devoir travailler plus longtemps. Pour combler le déficit de retraite (estimé à 25-30 milliards d’euros annuels en 2045), il faudra monter progressivement à 46 années de cotisation d’ici 2045, soit environ trois années de travail de plus que dans les prévisions pour 2027.

En parallèle, le spectre du chômage de masse devrait s’éloigner. Faible croissance et faible chômage vont coexister. Le pouvoir de négociation pourrait même basculer en faveur des travailleurs, et c’est la troisième révolution. Près de 2 millions de démissions de CDI et plus de 500 000 ruptures conventionnelles sont déjà enregistrées chaque année depuis quatre ans, soit environ 15 % des salariés en CDI qui quittent volontairement leur poste. Or, 86 % d’entre eux retrouvent un emploi en moins de six mois.

De même, embaucher va se révéler de plus en plus compliqué. En 2025, plus de la moitié des recrutements étaient déjà jugés difficiles par les employeurs. Un défi pour tous les types d’entreprises, dans tous les territoires.

Enfin, et c’est la cinquième révolution : l’intensification de ces tensions va rendre la question de l’immigration économique encore plus cruciale. Selon la note, si la France atteint le plein-emploi elle n’aurait plus forcément besoin de main-d’œuvre étrangère pour faire tourner son économie. Mais cela ne serait que temporaire, entre sept et dix ans. Il ne sera pas possible de faire l’économie de ce débat.