À quoi bon investir pour décarboner son modèle si on finance, dans le même temps, des organisations qui freinent l’action climatique ?
C’est en substance la question que s’est posée Unilever en se prêtant à un exercice assez unique en son genre. D’abord, analyser l’engagement des organisations professionnelles financées par le groupe envers les politiques climatiques. Ensuite, évaluer le degré d’alignement de ces positions avec celles d’Unilever.
L’analyse a porté sur 27 des 600 organisations dont Unilever est membre. Conclusion : 8 d’entre elles interviennent auprès de décideurs publics pour porter des positions climatiques opposées à celles d’Unilever. Ce paradoxe est crucial : « nombre d’entreprises qui agissent pour promouvoir des politiques favorables à leur action climatique sapent leurs propres efforts en soutenant des associations faisant obstruction aux mêmes politiques » expose Bill Weihl, à la tête de ClimateVoice.
Unilever envisage de mener une série d’actions en conséquence, allant jusqu’à cesser de soutenir les organisations incriminées.
Le sujet est particulièrement sensible, à l’heure où certains lobbys mettent à terre des pans entiers du Pacte vert et où des batailles judiciaires de longue haleine sont engagées aux États-Unis autour des nouvelles règles de transparence édictées par la SEC. La puissante US Chamber of Commerce affronte d’ailleurs depuis quelques jours les critiques de 37 de ses adhérents, Microsoft en tête, qui lui reprochent ouvertement de tenir des positions anti-climat contraires à leurs intérêts.