Vent de fronde contre la notation ESG

La pertinence et l’efficacité de la notation ESG des entreprises font de plus en plus débat au sein du monde économique. Rarement exprimés publiquement, ces doutes ont été clairement affichés il y a quelques jours par Estelle Brachlianoff, la directrice générale de Veolia.

Face aux investisseurs réunis pour le Capital Market Day du groupe qui se revendique dédié à la transformation écologique, elle a affiché sa frustration : « Nos notes ESG comme notre valorisation boursière ne reflètent pas la qualité environnementale de nos services. […] Je lance un appel pour que soit reconnu notre impact positif pour l’environnement, même si cela implique de changer le modèle de la notation ESG ! ».

Cette sortie fait écho à deux sortes de critiques qui visent la notation extra-financière, jugée coûteuse et chronophage pour les entreprises. Les premières portent sur sa méthodologie : obscure, voire opaque, fondée sur du déclaratif, imprécise, illisible sur les pondérations attribuées aux différents critères E, S et G, largement divergente entre les agences… les griefs sont nombreux.

Ensuite, et c’est encore plus important, les effets de ces notes sont controversés. Aucune conclusion claire n’est établie sur le fait qu’elles orientent les décisions des entreprises et des investisseurs. Qu’elles modifient utilement la composition des fonds ou des indices. Qu’elles permettent de mieux gérer le risque financier. Et encore moins qu’elles puissent mettre en lumière les impacts, notamment positifs, des activités et les traduire en premiums financiers.

Aujourd’hui concentrées aux mains des acteurs américains, les évaluations ESG sont peut-être face au début d’une fronde de leurs clients.